Il m’a fallu du temps avant d’écrire ces lignes. Parce que certaines histoires méritent le silence avant les mots. Siham Hassan Husballah était plus qu’une jeune parlementaire soudanaise. Elle était une boussole. Une femme de conviction.
Un visage de ce que le leadership féminin africain peut avoir de plus pur : le service, le courage, la clarté.
En 2011, elle fait partie des signataires de l’accord de paix du Darfour à Doha. Cinq ans plus tard, elle devient la plus jeune députée du Soudan, symbole d’une génération décidée à construire un pays différent.
Durant ses deux mandats, elle défend sans relâche les populations du Darfour. Elle interpelle les ministres, dénonce les violations des droits humains, réclame un dialogue national. Ses mots étaient droits, parfois dérangeants, toujours nécessaires.
Après le coup d’État de 2019 et la dissolution du Parlement, elle retourne à Al-Fashir, sa ville. Loin du pouvoir, elle continue de servir : elle dirige une takaya, une cuisine communautaire qui nourrit les plus démunis surtout après le déclenchement de la guerre civile en 2023.
Menacée par les milices, arrêtée puis humiliée par un groupe rebelle, elle choisit pourtant de rester. De rester pour aider. Pour témoigner. Pour ne pas fuir.
Le 26 octobre 2025, alors qu’Al-Fashir tombait aux mains des Forces de soutien rapide, Siham a été tuée, avec plusieurs volontaires de la takaya.
Le Réseau des médecins soudanais parle d’un massacre odieux un acte de nettoyage ethnique. Siham Hassan avait signé pour la paix, défendu les femmes, nourri les affamés, affronté la peur. Jusqu’au bout.
Ce n’est pas seulement une femme qu’on a perdue. C’est un repère, une promesse, une part de l’avenir du Soudan.
Aujourd’hui, écrire sur elle, c’est témoigner. Parce que sa vie ne doit pas se résumer à sa mort. Et parce que ce qu’elle a incarné, d’autres continueront à le porter.
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Sitti ABDALLAH MSHANGAMA, Leadership stratégique • Gouvernance inclusive • Transformation durable
