L’actualité récente autour d’Olivia Yacé dont la participation à Miss Universe 2025 a été affectée par la “faiblesse” présumée de son passeport a suscité des débats passionnés.
Au-delà de la polémique médiatique, cet épisode met en lumière une réalité bien plus profonde : celle de l’inégalité mondiale en matière de mobilité, qui affecte chaque jour des milliers de femmes africaines, professionnelles, entrepreneures, diplomates, universitaires et artistes.
Moi-même, j’ai la chance de disposer de deux passeports (Français et Comorien). Pourtant, je me retrouve régulièrement confrontée à des exigences complexes de visas, à des délais interminables, à des coûts importants et à des déplacements de plusieurs heures parfois d’un pays à un autre pour simplement obtenir le droit de me rendre à un événement international.
Que dire alors de celles et ceux qui n’ont pas ce privilège ? Quelques chiffres pour comprendre l’ampleur de l’enjeu : Les passeports de Singapour, Corée du Sud, Japon, France, Allemagne ou Espagne offrent un accès direct ou facilité à 187 à 193 pays.
À l’inverse, des passeports tels que Comores, Somalie, Yémen, Afghanistan, Érythrée, Soudan du Sud ou Libéria n’ouvrent l’accès qu’à 30 à 50 pays sans visa laissant plus de 180 destinations soumises à des procédures longues, coûteuses, et parfois arbitraires.
Cette réalité limite l’accès :
- aux conferences internationales,
- aux plateformes de visibilité mondiale,
- aux opportunités académiques et économiques,
- à la représentation diplomatique et culturelle,
- à la libre participation des femmes africaines à l’espace public global.
- Elle prive nos pays de voix essentielles.
- Elle pénalise le leadership émergent.
- Elle freine notre contribution collective au progrès mondial.
Il est temps d’ouvrir un dialogue constructif entre gouvernements, unions régionales, institutions multilatérales et acteurs stratégiques afin de renforcer :
- la facilitation de la mobilité africaine, en particulier pour les femmes leaders et les jeunes,
- des accords bilatéraux et régionaux plus ambitieux sur les visas,
- des mécanismes d’accompagnement institutionnel pour la circulation des compétences,
- le respect des principes d’équité, de dignité et de réciprocité.
Parce qu’un passeport ne doit jamais devenir une barrière à l’excellence. Parce que le talent, l’engagement et le mérite ne se mesurent pas à la couverture d’un document de voyage. Parce qu’un monde à deux vitesses n’est plus acceptable.
Que ce moment soit un tournant pour que plus aucune femme ne voie son avenir freiné par une page de visa. Pour que l’Afrique puisse pleinement occuper la scène internationale. Pour que l’égalité des chances ne soit pas un slogan, mais une réalité institutionnelle.
Sitti Inspire – Inspirer les leaders. Transformer les équipes.
Sitti ABDALLAH MSHANGAMA, Leadership stratégique • Gouvernance inclusive • Transformation durable